Editorial :
Il était bien difficile d’échapper ces dernières semaines aux nombreuses manifestations politiques et culturelles entourant la commémoration du 60ième anniversaire de l’Etat d’Israël. Le Berger d’Israël consacre du reste l’essentiel de cette édition au souvenir des visionnaires du passé, des artisans de la construction aux acteurs engagés de la préservation et du développement de la nation d’Israël.
Une place est aussi donnée à la réflexion sur les menaces existentielles qui demeurent et les défis d’une société israélienne toujours en quête de repères.
Certains feront remarquer peut-être que le ton de ce numéro du Berger d’Israël est nettement plus engagé – politiquement parlant – qu’habituellement. Cependant, tout bien considéré, partager notre joie avec les israéliens et même plus largement avec l’ensemble du peuple juif partout dans le monde, à l’occasion de ces festivités, n’est-il pas la naturelle manifestation de notre attachement de cœur, sinon par la chair, au peuple perpétuellement chéri par Dieu lui-même ?... Quand bien même on ne partagerait pas toutes les options politiques des dirigeants israéliens, serait-il convenable alors de rappeler ses différends le jour de son anniversaire ?...
Nous vivons en France dans une culture quasi religieuse de la laïcité. Les Eglises elles-mêmes, si elles s’intéressent en général aux grandes questions de société, évitent tout parti pris dans le domaine politique craignant de se voir accusées d’une ingérence coupable. Les questions relatives à Israël n’échappent pas à la règle et rares ont été les initiatives d’églises – évangéliques ou d’autres obédiences – à exprimer une quelconque solidarité ou même un simple message de sympathie à l’occasion de cet anniversaire. C’est même parfois l’inverse qui s’est produit et je le regrette profondément.
Tandis que des autorités en Grande-Bretagne retiraient les programmes relatifs à la commémoration de la Shoah de certains établissements scolaires, sous prétexte que ces derniers pouvaient « heurter » la sensibilité de la population musulmane, d’autres en France trouvaient embarrassant, voire inappropriée, la proposition du Président Nicolas Sarkozy de « cultiver » le souvenir des enfants juifs morts dans la Shoah, dès la classe de CM2 (10/11 ans). Il était toujours possible de discuter sur la forme d’un tel engagement, mais sur le fond, l’initiative n’aurait-elle pas due être davantage soutenue ?.... La tendance est grande à pratiquer un culte sélectif du souvenir, écartant d’emblée tout ce qui pourrait légitimer Israël.
Pour ce qui nous concerne au Berger d’Israël, nous avons choisi d’être sans réserve au côté du peuple juif et d’encourager toute solidarité à l’égard d’Israël, quand bien même ses dirigeants ne prendraient pas toujours les meilleures décisions. Notre amour, notre affection, comme du reste notre témoignage et notre solidarité ne sont pas conditionnels.
Le judaïsme attache une grande importance à la mémoire et à la transmission des valeurs. Dans quelques semaines, quelques mois tout au plus, les festivités auront été oubliées. Que restera-t-il alors ?... Les anniversaires sont là qui ponctuent notre histoire. Ils nous ramènent à notre vraie place dans le regard de Dieu.
Chalom !
Guy ATHIA